Quel chemin parcouru ?
Bonjour Bruno. A l’occasion de nos 40 ans, je vous propose de faire un petit retour en arrière. Pouvez-vous nous raconter en quelques mots l’histoire du CEECA ?
Alors déjà je peux vous raconter comment c’était quand il n’y avait pas encore de CEECA. Est née tout d’abord en 1945 la profession d’expertise-comptable, avec la création de l’Ordre des experts-comptables, suivie en 1966 de la création de la Compagnie des commissaires aux comptes
Les pionniers de la formation telle qu’on la connait aujourd’hui voient le jour dès les années 60. Il est rapidement apparu un besoin de se former pour être constamment en veille, et surtout être crédible auprès des décideurs et des institutions. Ils se réunissaient alors entre eux : un produisait de la documentation, un autre préparait une intervention et enfin les confrères se rassemblaient pour se former collectivement. C’était tout à fait bénévole et d’une franche convivialité. Il fallait être solidaire pour faire en sorte que la profession soit reconnue, et cela passait par une formation professionnelle régulière.
Dans les années 70 et 80, le Centre de Formation de la Profession Comptable (CFPC) est né sur le plan national. Sa raison d’être ? Devenir, en tant qu’organisme national, une référence dans la création des supports et la diffusion de la formation dans toutes les régions.
Mais on s’est vite rendu compte que son action allait être limitée s’il n’existait pas de relais régionaux. Le CFPC a donc favorisé la création d’Instituts Régionaux de Formation (IRF) dans les 23 régions de l’époque. En Aquitaine, vous vous en doutez, c’est le CEECA qui a été créé en 1983 par des élus de l’Ordre et des élus de la Compagnie. Avec des statuts qui illustraient une organisation paritaire et une présidence alternée de l’association CEECA entre CRO et CRCC.
Il s’est passé exactement la même chose à Niort avec le CREFPC et à Limoges avec l’IRFCL. Le CFPC était un des organismes fondateurs des IRF à qui il déléguait la diffusion des sessions de formation, tout en conservant un rôle central dans le choix et la création des supports.
Retour en Nouvelle Aquitaine, où le CEECA a vite démontré son utilité par rapport aux besoins des cabinets déjà importants, au même titre que le CREFPC à Niort et l’IRFCL à Limoges. En effet l’informatisation était déjà d’actualité dans les cabinets, en parallèle d’une fiscalité qui se faisait de plus en plus fournie et des Normes de travail de plus en plus précises. En matière d’audit, la CNCC développait elle aussi des Normes de travail et donc proposait de plus en plus de formation pour adapter ces normes et diligences avec par exemple une approche d’analyse du contrôle interne ou par secteurs d’activité.
En Aquitaine, les élus ont rapidement souhaité que le CEECA devienne un organisme plus professionnel et moins bénévole. C’est à ce moment-là qu’ils ont lancé un appel à candidature pour embaucher un directeur en avril 1995. J’ai eu la chance d’être sélectionné, en proposant un projet qui consistait à la fois à développer l’offre de formation et à accompagner les cabinets dans leur plan de formation. Ce qui reste toujours à l’heure actuelle une volonté forte du CEECA en développant de plus en plus une approche RH dans son offre de service.
Preuve de l’essor qu’a pris le CEECA, nous sommes passés de deux collaborateurs en 1995 à douze aujourd’hui., de 30 animateurs qui formaient selon leurs disponibilités, à 200 intervenants qui animent selon leurs spécialités, d’une centaine de sessions à plus de 1000 sessions par an sur la dimension Nouvelle Aquitaine.
La fusion avec IRFCL et CREFPC récemment intervenue en janvier 2021 a permis un développement encore plus important. C’est logique mais c’est aussi le fruit d’une veille permanente sur les besoins des cabinets et une présence régulière auprès des dirigeants des cabinets. Il y avait déjà une forte demande dès le départ, mais encore fallait-il savoir et pouvoir l’organiser. Nous avons vraiment professionnalisé la démarche d’organisme de formation dédié aux professions d’expert-comptable et de commissaires aux comptes.
Mais j’imagine que cela ne s’est pas fait en quelques mois ?
Il y a eu plusieurs étapes. Depuis 30 ans, nous avons appliqué ce qui constituait alors le cœur de mon projet, l’élaboration de plans de formation. Nous sommes donc allés dans les cabinets détecter les besoins au contact direct des managers et de leurs collaborateurs pour monter des plans de formation, ce qui a très vite permis aux cabinets de faire des meilleurs choix dans les formations sélectionnées, d’être plus réguliers dans leurs participations pour une plus grande partie de leurs collaborateurs.
Il y a également eu des étapes au CEECA dans notre organisation avec des démarches qualité avec successivement des certifications ISO, NF, OPQF, Datadock. C’est Qualiopi aujourd’hui qui a pris le relais, ce qui nous a obligé à nous remettre constamment en cause dans notre organisation. De cet effort de professionnalisation constant, le CEECA a développé de nombreuses procédures qui permet de progresser en permanence.
Parallèlement, nous avons eu une volonté de diversifier notre approche des métiers de la formation, avec une nouvelle orientation d’accompagnement des cabinets dans leur gestion des compétences et ressources humaines, permettant de développer une activité conseil auprès des cabinets en lien avec les plans de formation et inversement.
Personnellement à 40 ans, après 8 ans de direction du CEECA et en complément de mon DEC, j’ai suivi et obtenu un Mastère de Gestion des Ressources Humaines à l’IAE de Bordeaux en 2005, et dix ans plus part un certificat de pratiques managériales en 2015 dans un organisme de formation parisien, pour pouvoir piloter cette orientation vers une activité de services dédiés au développement des RH, des audits associés à des plans de développement de compétences en lien direct avec l’évolution des cabinets et de leurs missions.
Cette diversification est-elle née d’une raison particulière ?
La raison est simple. Quand vous touchez à la formation, vous touchez à des projets de compétences. Et quand vous touchez à des projets de compétences, vous touchez aux projets du cabinet en tant qu’entreprise, et donc à des questions de gestion des Ressources Humaines, puis de management des équipes. Un autre prolongement est que nous abordons maintenant les questions de marketing de service, des fonctions pour mieux vendre et parler des compétences des cabinets.
Nous avons donc tenu à intégrer de véritables compétences dans le domaine de la GRH au sein du CEECA. Ce qui est important, c’est que nous nous sommes entourés de consultants spécialisés en organisation, management et RH, et que nous avons également embauché au CEECA des personnes ayant des appétences RH pour aller à la rencontre des managers des cabinets sur le terrain. C’est une constante qui a toujours porté ses fruits et notamment sur l’image du CEECA et la confiance que l’on pouvait lui accorder.
Aujourd’hui nous sommes dans un métier de formation qui est très reconnu et nous développons un métier de conseil qui est reconnu par ceux qui en ont bénéficié, mais qui reste à faire reconnaître par l’ensemble de la profession. Nous voulons, nous devons et nous allons mettre les moyens en œuvre pour le développer au sein de notre filiale CEECAP Organisation (avec sa page LinkedIn dédiée).
Quels sont les enjeux futurs du CEECA et des cabinets ?
Notre futur c’est aussi s’orienter vers l’accès aux diplômes qui mène à l’embauche dans les cabinets. Cela passera au moins à travers un CFA CEECA qui aura pour objectif dans un 1er temps de proposer aux cabinets des data contrôleur, data scientist, analyseurs et réviseurs, conseiller en gestion utiles au déploiement des nouvelles méthodes de collaboration avec les clients. Ce sera une donnée importante au niveau de la mobilité des emplois dans les cabinets dans un contexte de turn over plus important, mais aussi pour aider les cabinets à attirer de nouveaux profils.
Au sein des cabinets, il est important de fidéliser les collaborateurs et adopter de nouveaux collaborateurs d’une part, et d’autre part leur faire même « goûter » la profession très jeune dès leurs études, dans un contexte professionnel très actif.
Le devenir des RH dans les cabinets est vraiment une question centrale qui nous a guidé dans le projet du CEECA et la collaboration avec les dirigeants nous a vraiment fait grandir dans cette direction.
Que tirez-vous de l’aventure CEECA ?
Le CEECA c’est une belle expérience humaine et professionnelle depuis 40 ans. Nous avons pu développer des valeurs de solidarité, de dévouement envers les institutions et les cabinets, un goût pour les actions innovantes. L’équipe du CEECA a su développer toutes ces valeurs, veille à être très professionnelle et est toujours à la recherche d’une crédibilité utile pour mériter la confiance que les cabinets nous accordent.
Nous remercions les cabinets de leur fidélité et également les institutions CRO et CRCC (au pluriel) de leur soutien constant. Toute l’équipe peut être fière de ce positionnement et de cette reconnaissance, c’est un beau résultat.
Je remercie les collaborateurs d’avoir accompagné le projet du CEECA avec fidélité et un vrai attachement au CEECA et espère qu’ils continueront de s’y épanouir. Je constate que notre enthousiasme se renouvèle régulièrement avec nos projets et de nouveaux collaborateurs qui viennent nous challenger et favorisent notre évolution.
Nous sommes « Expert en changement » mais notre devise pourrait être le titre d’une bande dessinée : « Le futur ne recule jamais », un recueil de dessins humoristiques de Voutch, que je possède chez moi et qui m’interpelle régulièrement. C’est pourquoi je tenais à souhaiter à titre personnel un très joyeux anniversaire au CEECA, et vous donne (pourquoi pas) rendez-vous dans 40 ans.
Notre devise pourrait être « Le futur ne recule jamais. » (Voutch)
Bruno Gratian, Directeur du CEECA